Un litre d’eau, des heures de baignade, et soudain cette traînée jaune qui colonise le fond de la piscine. Ce n’est pas une illusion ni une simple négligence : l’algue moutarde défie les produits standards et s’accroche là où on l’attend le moins. Elle s’infiltre, résiste, et s’impose, révélant au passage les failles de l’entretien classique.
L’algue moutarde : un invité indésirable dans votre piscine
Avec sa couleur jaune si reconnaissable, l’algue moutarde s’installe sans prévenir et prend ses aises au fond du bassin. Elle recouvre les parois, s’étire le long de la ligne d’eau, et forme un voile poudreux que ni le brassage ni les traitements habituels ne semblent vouloir déloger. En France, la situation est encore plus marquée dans le sud, où ces traces jaunes font leur réapparition au moindre relâchement. On aurait vite fait de confondre ces dépôts avec du pollen ou quelques bactéries isolées, mais l’algue moutarde a un mode de vie bien à elle : elle adhère, s’accroche là où on la croyait vaincue, se niche dans les microfissures, s’intègre à un biofilm invisible mais coriace.
Ces taches jaunes tapissent alors le fond, parfois jusqu’à recouvrir tout le revêtement. Elles remontent aussi sur les parois, jusqu’à la ligne d’eau, échappant au passage du nettoyant classique. Passer le balai les détache… pour mieux les voir revenir lors du prochain cycle, si le protocole n’est pas complet.
Indices à surveiller :
Certains signes ne trompent pas et doivent déclencher l’alerte :
- Eau trouble ou teinte jaune discrète, sans pour autant dégager une forte odeur de chlore
- Dépôts poudreux qui réapparaissent malgré les nettoyages répétés
- Zones jaunâtres persistantes sur le fond ou les parois
Ce qui rend l’algue moutarde si difficile à éradiquer, c’est sa capacité à modifier sa structure cellulaire pour supporter la présence de chlore. Sa vitesse de multiplication impose une attention constante et une méthode irréprochable si l’on souhaite conserver une eau parfaitement claire.
Pourquoi cette algue prolifère-t-elle aussi facilement ?
La présence de l’algue moutarde dans une piscine ne relève pas du hasard. Plusieurs éléments, souvent combinés, créent un environnement favorable à son installation. Dans certaines régions du sud de la France, le vent transporte régulièrement des spores d’algues en provenance du Sahara, accompagnées de poussière de sable, qui viennent tapisser les parois. Ces particules fines servent de point d’ancrage aux algues moutarde, les aidant à coloniser le fond du bassin.
Viennent ensuite les conditions climatiques. Quand la température grimpe et que le soleil tape fort, le désinfectant perd de son efficacité. À la moindre perturbation de l’équilibre chimique, pH capricieux, chlore qui flanche, l’algue moutarde en profite pour proliférer à toute vitesse.
La filtration, elle aussi, peut faire pencher la balance. Un système mal entretenu, ou qui ne tourne pas assez longtemps, transforme la piscine en terrain de jeu idéal pour les algues. Les zones peu brassées, les angles, les marches, l’espace derrière l’échelle, deviennent autant de refuges où elles s’accumulent et prospèrent. Sans une action ciblée, ces taches jaunes reviennent inlassablement.
Éliminer l’algue moutarde : méthodes simples et efficaces à adopter
Pour venir à bout de l’algue moutarde, il faut agir sans attendre et ne rien laisser au hasard. Oubliez les traitements à moitié faits : seule une approche méthodique viendra à bout de ce parasite coriace. Commencez par brosser soigneusement chaque centimètre du fond et des parois, en insistant dans les recoins et sur les taches jaunes les plus incrustées. Réservez un matériel dédié à cette tâche, puis désinfectez-le pour éviter toute dispersion.
- Choc chimique : Augmentez le taux de chlore avec un traitement choc, ou, selon les spécificités de votre bassin, choisissez le peroxyde d’hydrogène ou l’oxygène actif. L’ajout d’un algicide adapté à l’algue moutarde permet de détruire le biofilm et d’accélérer le processus.
- Filtration continue : Laissez tourner la filtration sans interruption pendant 48 heures. Cette circulation permanente capte les particules libérées lors du brossage et évite qu’elles ne se redéposent.
- Nettoyage des accessoires : Plongez maillots, jouets aquatiques et tout objet ayant touché l’eau contaminée dans une solution désinfectante, puis rincez-les abondamment.
L’utilisation d’un floculant favorise la collecte des résidus, rendant l’eau plus limpide. Surveillez de près le taux de chlore et ajustez le pH pour maintenir l’efficacité du traitement. Se contenter d’un simple nettoyage ou d’un dosage ordinaire ne suffit pas : l’algue moutarde réclame une intervention complète et rigoureuse.
Prévenir son retour : les gestes essentiels pour garder une eau saine
Chez ceux qui possèdent une piscine, la vigilance doit devenir un réflexe. Une fois l’algue moutarde éliminée, la priorité consiste à empêcher tout retour. C’est l’entretien régulier qui fait la différence. Contrôlez fréquemment les niveaux de désinfectant : un dosage précis de chlore ou de brome, associé à un pH stable, protège durablement contre l’apparition de nouvelles algues.
- Analysez l’eau chaque semaine, à l’aide de bandelettes ou d’un kit fiable, même hors saison de baignade.
- Désinfectez les accessoires de piscine et le matériel de nettoyage après chaque usage, surtout si un doute subsiste sur la présence d’algue moutarde.
- Renouvelez le traitement préventif anti-algue moutarde lors des épisodes de fortes chaleurs ou suite à de grosses pluies.
La filtration reste incontournable. Faites-la fonctionner quotidiennement, en vous adaptant à la température de l’eau. Un simple dépôt, une poignée de spores, et le bassin risque d’être à nouveau envahi, surtout dans les zones exposées au vent. Rincez tout accessoire susceptible d’avoir été en contact avec une piscine touchée.
Pensez aussi à protéger la piscine avec une bâche adaptée, pour limiter l’entrée de pollen et de poussières, souvent premiers vecteurs de contamination. Ajustez vos routines selon la météo : lors des vagues de chaleur ou après la pluie, ajustez les doses de désinfectant et renforcez la surveillance de la qualité de l’eau.
Dans la guerre contre l’algue moutarde, chaque geste compte. Ce n’est pas un combat ponctuel, mais une discipline quotidienne qui, saison après saison, fera la différence entre une eau trouble et un bassin impeccable.
